Le sport aime parfois manier l’ironie, entre douceur et cruauté. Prenez Carl Lewis. L’Américain sera un des héros des Championnats du monde de Tokyo en 1991. A l’époque, il est considéré comme un sprinter vieillissant, happé par la nouvelle génération, que personne n’incarne mieux que son compatriote Leroy Burrell. A l’inverse, il constitue toujours la référence à la longueur. Résultat, au Japon, Lewis va redevenir le maître de la ligne droite, tout en cédant sa suprématie dans le bac à sable. Mais nous y reviendrons. L’acte I, c’est ce 100m, aujourd’hui encore considéré comme le plus grand de l’histoire.
En amont de ces Mondiaux, Leroy Burrell s’est donc imposé comme le nouveau patron du sprint. Il bat Lewis presque à tous les coups, il gagne toutes ses courses et devient surtout le nouveau recordman du monde, lors des Sélections U.S., où il s’impose en 9″90. Mais le juge de paix, ce sera Tokyo. Burrell le sait. Lewis aussi. Tokyo n’est pas une terre anodine pour le 100m.