Le quartier de Cibitoke a été perquisitionné pendant plusieurs heures dimanche matin, à Bujumbura. Des armes ont été saisies et 23 personnes arrêtées. Dans ce quartier où la mobilisation avait été forte contre un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza, les relations entre la population et la police restent tendues, et chacun a une lecture très différente des évènements.
Dès les premières heures de la matinée, dimanche, des militants des droits de l’homme burundais ont reçu des appels des habitants de Cibitoke. La veille, ils ont entendu des tirs et dès 6 h du matin, la zone entre la 11e et la 14e avenue a été bouclée. « Les policiers fouillent les maisons et pillent la nourriture. Ils ont des listes de noms », rapportent ces habitants inquiets. Une vingtaine de jeunes ont été arrêtés. Certains « seulement parce qu’ils habitent près d’une parcelle inoccupée où deux kalachnikovs ont été retrouvées », expliquent encore ces habitants, convaincus que la police leur « fait payer la mobilisation anti-troisième mandat ».
Une patrouille militaire attaquée
« La police n’a jamais ciblé un quartier parce qu’il est réputé contestataire », rétorque Pierre Nkurikiye, le porte-parole de la police burundaise. Selon lui, une patrouille de l’armée a été prise à partie, samedi soir, par des jeunes qui ont tiré sur les soldats avant de prendre la fuite. Les soldats les ont ensuite poursuivis jusqu’à une maison qu’ils ont encerclée jusqu’à l’arrivée de la police, dimanche matin. Quatre personnes ont été arrêtées et un fusil confisqué.
Mais comme des suspects ont pris la fuite, les perquisitions ont été étendues, affirme Pierre Nkurikiye. Des kalachnikovs ont par ailleurs été découvertes à l’intérieur de l’enclos fermé d’une maison, dont les propriétaires ont été arrêtés, précise-t-il. « L’ensemble des 23 personnes interpellées l’a été en lien avec ce qui a été trouvé », souligne le porte-parole de la police. Quant aux saisies de nourriture, elles sont considérées comme de « l’équipement logistique des insurgés », conclut-il.
Contexte tendu
Cette opération a été menée dans un contexte tendu au Burundi, où les assassinats politiques se multiplient, faisant craindre une escalade ethnique et une propagation régionale de la crise burundaise. Samedi, des hommes armés ont tué Pontien Barutwanayo, seul administrateur local appartenant au FNL, le parti Agathon Rwasa, l’ex-opposant ayant accepté la vice-présidence de l’Assemblée nationale. C’est le troisième assassinat ciblé en trois semaines au Burundi, après ceux du général Adolphe Nshimirimana, un pilier du régime tué par une roquette début août, et du colonel Jean Bikomagu, ancien chef d’état-major de l’armée burundaise tué à son domicile la semaine dernière.