L’Angola fait de la devise chinoise sa deuxième monnaie légale.
Une zone yuan comme il existe des zones dollar ou euro est elle en train d’émerger progressivement ? L’Angola a annoncé lundi, par la voix de sa ministre du Commerce Rosa Pacavira, qu’elle allait accepter le renminbi comme monnaie parallèlement à sa propre devise, la kwanza. De quoi permettre à ce pays, d’importer des biens chinois, et d’être moins dépendant du dollar et de ses recettes pétrolières. Le kwanza sera aussi accepté en Chine, selon cet accord de réciprocité. Très présente en Afrique, la Chine pourrait nouer de nouveaux accords de ce type afin d’étendre sa zone d’influence monétaire. Car de la monnaie à la politique et diplomatie, il n’y a qu’un pas. En ayant cours légal dans certains pays, le yuan va les rapprocher de Pékin.
Tisser un réseau
Le Fonds monétaire international vient d’émettre des réserves sur la possibilité pour le yuan d’être intégré d’ici cinq ans dans le panier de monnaies qui constitue les droits de tirages spéciaux. La devise chinoise doit effectuer encore des progrès (internationalisation…) pour prétendre intégrer le saint des saints des actifs de réserves mondiaux, composé du dollar, euro, livre sterling et yen. La Chine a déjà noué des accords d’échange de devises (swaps) avec d’autres banques centrales (Afrique du Sud, Russie, Qatar, Hong Kong, Canada…). Objectif ? Commencer à tisser un réseau monétaire international dans la perspective de la libre convertibilité et circulation du yuan hors de ses frontières. A un horizon de 5 à 15 ans, selon les spécialistes, la devise chinoise se traitera librement comme n’importe quelle grande monnaie sur les marchés mondiaux des changes. Le dollar-yuan et euro-yuan vont devenir des paires de devises très actives et gagner des parts de marché par rapport aux autres. Certains couples de monnaies, notamment la parité yen-yuan risque d’être très « politiques » : leurs deux banques centrales ont une tradition interventionniste très ancrée et leurs gouvernements ont une idée très arrêtée du niveau idéal de leur monnaie… Les marchés ont devancé ce mouvement d’intégration. Certaines devises commencent à ressentir notablement l’influence du renminbi, en dépit de son poids encore très limité sur les marchés des devises. Ainsi, le rouble et la livre turque sont sous influence chinoise tout comme les dollars néo-zélandais et australiens, dont les pays sont très dépendants des importations chinoises.